Fabrication d’un biporteur pour l’atelier mobile

Le cadre du biporteur fraîchement fabriqué !

  L’association s’est lancée dans la fabrication d’un biporteur pour les ateliers mobiles de réparation de vélo ! Pour découvrir cette aventure, c’est par ici !

L’association se déplace régulièrement dans la Ville de Limoges et les communes alentours pour animer des ateliers mobiles de réparation de vélo. Objectif : aller au plus près des habitant-e-s pour que chacun.e ait une machine bien réglée tout en apprenant à le faire ! L’association anime notamment chaque samedi après-midi des ateliers mobiles dans différents quartiers de la Ville (voir l’agenda de l’association sur notre site).

Afin de se déplacer à vélo dans les vallons de la région limougeaude, les bénévoles tractent deux remorques pour enfant chargée de tout le matériel nécessaire pour les ateliers mobiles (outils, pièces de rechange, pied de réparation,…). L’association a récupéré deux vélos électriques qui facilitent grandement les déplacements des bénévoles. Mais les remorques ne passent pas par la porte de l’atelier et obligent à ranger tout le matériel à chaque intervention…

Déplacement des bénévoles pour un atelier mobile à l’aide de deux remorques à vélo

Pour palier à ce manque de praticité et permettre ainsi de réaliser plus d’animation dans des conditions agréables, l’association a souhaité s’équiper de matériel adapté aux déplacements et aux animations effectuées par l’association : un biporteur électrique (un vélo avec une caisse de rangement à l’avant) et une remorque sur-mesure. Pour la remorque, consulter l’article dédié. Nous raconterons ici l’épopée du biporteur ! Dans ce cadre là, l’association est soutenue par la Ville de Limoges, la Région et la Communauté d’Agglomération de Limoges.

Malgré des recherches à n’en plus finir, aucun vélo neuf n’a été trouvé dans des délais de livraison raisonnable. En effet la crise a aussi créé une pénurie dans le monde du cycle. Voyant l’impossibilité d’avoir un biporteur neuf, les bénévoles eurent une idée folle : le fabriquer. Plusieurs contraintes viennent : le manque de connaissances sur le sujet, la solidité et donc la sécurité des bénévoles et enfin la conception elle-même. Après plusieurs recherches et redirections, nos sauveurs apparaissent : Thomas et Jean. Ils transforment des vélos classiques en biporteur. Le principe est simple : assembler la base d’un cadre de VTT en acier style année 80/90 avec un chassis avant fabriqué par officine recycle, une petite entreprise italienne. L’assemblage se fait à deux niveaux : sur le tube supérieur (horizontal) et sur le boîtier de pédalier. Le biporteur sera fabriqué sur la base d’un vélo récupéré à l’atelier avec la participation de deux bénévoles de l’association : Alexis Bordas, ancien service civique de l’association, porteur du projet biporteur et Arthur Komar, service civique actuel et animateur des ateliers mobiles.

Châssis avant du biporteur fabriqué par « officine recycle » en Italie à assembler avec un cadre de vélo classique

Présentations de Thomas et Jean :

Thomas est un grand vadrouilleur passionné de l’étranger et de tout ce qu’il fait en général. Après avoir fait son propre biporteur, il se passionne pour la mécanique vélo et suit deux formations dans le monde du vélo : un CQP Technicien Cycles et un stage de cadreur vélo en Italie (un métier de plus en plus rare et qui a de l’avenir!). Il a créé la marque « botch cargo bike » pour les biporteurs qu’il fabrique visibles sur instagram.

Voici Thomas !

 

Jean quant à lui vient du monde industriel et souhaite se tourner vers le vélo. Il est soudeur professionnel et formateur soudeur dans une structure de réinsertion. Il fabrique des objets en métal de style industriel avec sa marque « et le métal fût ».

 

Et Jean !

 

Ce duo est très complémentaire : Thomas formé dans le monde du cycle possède des compétences sur le cadre et la mécanique cycle. Jean quant à lui met à profit ses compétences de soudeur industriel pour assembler le cadre.

Il est convenu de se rendre à côté de Montauban le week-end du 22 mai afin d’assembler le cadre ensemble et de participer à sa construction.

Vendredi 21 mai :

Le départ est donné à 17H30 de Limoges direction Montauban. Afin de pouvoir transporter le futur biporteur (2m50 une fois fini), l’entreprise KDS nous a gracieusement prêté un camion pour le week-end. (Merci à eux ! )

Le trajet dure environ 2H30/3H. Enfin nous arrivons dans les coteaux de la campagne montalbanaise, dans un corps de ferme datant du 17ème siècle où habitent les parents de Jean et où se trouve son atelier. Arrivé vers 22H30, Jean nous explique comment se passera la journée du lendemain. Nous couchons dans nos couchages de fortune. Rendez-vous est donné à 8h afin de commencer à travailler.

Le camion que KDS nous a prêté pour l’occasion. Merci !

Samedi 22 mai :

Choix du cadre :

Après un petit déjeuner accompagné de quelques viennoiseries ramenées par Thomas de Montauban, nous inspectons nos deux cadres de vélo candidats à la transformation. Nous avions amené 2 cadres démontés à l’atelier par Arthur. Notre choix se porte sur un cadre de VTT mercier avec un acier de très bonne qualité et un boîtier de pédalier au filetage international

BSA, plus commun.

Le binôme de Vélivélo avec le cadre du Mercier choisi pour la transformation

 

Préparation du cadre :

Le cadre doit être libéré de la douille de direction et du tube diagonal afin d’accueillir le châssis avant. Avant de toucher à notre cadre et de ne pas l’endommager, on s’entraîne à faire quelque découpes et autres décapages sur un cadre voué à la ferraille. La première découpe sera celle du tube supérieur au niveau de la douille de direction. La découpe doit être faite de façon à perdre le moins de matière possible. C’est Alexis qui s’en charge et qui le réussit avec brio sur les deux cadres. Arthur quant à lui s’occupe de la découpe du tube oblique (diagonal) au niveau du boîtier de pédalier, une manipulation très risqué car il ne faut pas endommager le boîtier de pédalier. Ces deux manipulations sont très bien réalisées. Le nettoyage avec un disque à lamelle peut être fait sur la peinture pour Alexis et sur le boîtier de pédalier pour Arthur afin d’arriver à un résultat le plus propre possible pour faciliter les soudures.

Tube diagonal coupé au niveau du boîtier de pédalier
Découpe du tube supérieur horizontal au niveau de la douille de direction

Le positionnement sur le gabarit :

Ensuite le cadre découpé est positionné sur un gabarit fabriqué par Jean et Thomas. A ce stade le gabarit permet de régler l’angle du tube de selle qui

influence sa géométrie et donc son utilisation (confort, répartition du poids,…). Il est décidé de prendre un ange de 7,22°.

Jean prend en main le châssis avant afin de renforcer certaines soudures au TIG et de parfaire ce qui est déjà présent ou de compléter les oublis des artisans italiens. Pour nous c’est une première et nous regardons avec émerveillement la technique de la soudure au TIG.

Renforcement de certains points de soudure au TIG

Préparation des tubes (grugeage) :

Les tubes du châssis et le cadre doivent parfaitement s’emboîter afin de correctement réaliser les soudures par la suite. Il faut donc gruger le tube horizontal du châssis qui va s’emboîter au niveau du boîtier de pédalier et le tube supérieur (horizontal) du cadre du Mercier qui va s’emboîter dans le tube vertical du châssis. Cette opération est une réussite !

Arthur gruge le tube horizontal du châssis pour qu’il épouse parfaitement le boîtier de pédalier

Installation sur le gabarit :

Le cadre enfin grugé, la châssis avant est à son tour installé sur le gabarit afin de vérifier l’emboîtement des tubes et l’alignement entre le cadre et le châssis. Une fois fait et parfaitement aligné, Jean pointe le tout au TIG afin que les réglages ne bougent pas jusqu’au lendemain.

La journée se termine sur un cadre prêt à l’assemblage et nous passons au réconfort. Au programme : barbecue, piscine et une vue imprenable sur la vallée !

Cadre et châssis installés sur le gabarit

Dimanche 23 mai :

Installation des passes câbles et bloques gaînes :

On reprend de bon matin avec une formation au brasage au chalumeau avec Jean. Après s’être entraîné sur différentes pièces, nous passons au brasage des passes câbles et autres bloque-gaine. Cela s’avère être une réussite pour les deux apprentis !

Une fois la technique bien en main, Arthur et Alexis continuent à braser d’autres éléments annexes sont brasé (une vis filetée pour la butée de béquille,..).

Alexis qui réalise une soudure au brasage pour installer un passe-gaîne pour le frein avant

Soudure du cadre :

Pendant que l’on brase ces petits éléments très utiles, Jean fait le gros des soudures au TIG entre le cadre et le châssis.

Avec la chaleur, le filetage du boîtier de pédalier s’est déformé. Thomas retaraude le filetage BSA.

Retaraudage du boîtier de pédalier endommagé par la soudure à proximité

Fin !

A ce moment sonne le clap de fin de la construction du châssis. Il est temps d’apprécier le travail effectué et de poser avec notre œuvre.

Il reste encore un long travail de peinture, d’équipement ainsi que d’électrification afin de parvenir à utiliser enfin ce vélo, mais nous sommes sur la bonne voie. A très vite pour de nouvelles aventures avec le biporteur de vélivélo !

Merci encore à Jean et Thomas !

Le cadre du biporteur devant l’atelier au retour du week-end
Prendre des photos, c’est pas facile !

6 réflexions sur « Fabrication d’un biporteur pour l’atelier mobile »

  1. Bravo à vous ! Quelle entreprise ! Il fallait vraiment être ambitieux pour se lancer là-dedans !
    Bon courage pour la suite !!

  2. Alors là les gars, vous m’épatez car vous êtes épatants ! ! Contrairement au cadre, le lecteur n’est pas grugé ! On y croit, même si j’aurai été bien incapable de concevoir une telle entreprise !
    Bravo ! Et ça fait du bien face à la morosité ambiante !

    Et que roule Véli-Vélo !

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