Commençons par le sucre !
Il y a du positif dans les décisions prises par la municipalité. Et ce positif nous le devons à Limoges-Métropole et à monsieur Tardieux qui a été jusqu’à ces derniers jours, le fonctionnaire municipal chargé du vélo, parmi les nombreuses tâches qui lui incombaient. (aménagements urbains, déplacements et espaces naturels).
Une restructuration des services le conduit vers d’autres missions et nous aurons bientôt, officiellement, un nouvel interlocuteur qui devrait d’ailleurs être, théoriquement, une interlocutrice. Mais, avant de partir, il a mené à bien trois dossiers nous concernant et qui ont été validés durant la réunion du comité consultatif du 18 mars :
Deux de ces dossiers sont la continuation de la mise en place du réseau cyclable de Limoges débutée il y a quatre ans. Le premier concerne le boulevard de Beaublanc, qui, d’ici 2010 présentera un parcours cyclable, en partie sur route, en partie sur trottoir, en partie en contre-allée protégée par les voitures en stationnement. Il est même prévu de reculer une rangée d’arbres pour nous faire une petite place.
Le deuxième dossier concerne l’axe Leclerc-Zénith qui, là encore, devrait devenir cyclable jusqu’au Zénith et Ester courant 2010.
Le troisième dossier, concerne une de nos demandes : des petits parcs de stationnements pour nos vélos. Monsieur Tardieux nous a écoutés et sa proposition a été validée par le comité de consultation. Nous aurons donc, courant 2009, de petites structures pour attacher nos vélos : devant la faculté de droit et sciences économiques, devant la gare, au Pont Saint-Martial et … last but not least : un parking abrité, à la médiathèque.
Cela peut paraître modeste mais, personnellement, cela me réjouit fort. Tout aménagement allant dans le sens d’une visibilité et d’une légitimation du vélo est bon à prendre.
Fin du paragraphe sucré, on passe à présent au moitié sucré moitié salé
Quelles ont été les retombées de notre grande lettre collective demandant tout particulièrement une croissance des contre-sens cyclables ?
Pour l’instant, pas de retombées, ça c’est le sel MAIS … notre lettre n’est pas partie aux oubliettes et ça c’est le sucre. Elle a été épluchée attentivement. Je l’ai vue cette lettre, toute annotée de bleu, de rose et de jaune avec des numéros d’ordre de faisabilité, apposées devant chaque rue pour laquelle nous demandions la mise en place d’un contre-sens. L’affaire suit donc son cours. Limoges-Métropole, en liaison avec les services de la municipalité espère faire avancer doucement le dossier.
A présent, le sel
Premier point : il n’existe toujours pas de ligne budgétaire spécial vélo dans le budget de la municipalité. Les responsables de la voirie font ce qu’ils peuvent avec l’argent qui sert à tout ce qui concerne la voirie. Tant qu’il en sera ainsi, ils ne pourront que bricoler et tout dépendra de leur bon vouloir concernant ce transport doux. Tant qu’il en sera ainsi, on sera bien obligé de constater que le vélo, chez les élus de la municipalité limougeaude, reste le parent pauvre des transports doux, une lubie de gentils utopistes qui n’ont toujours pas compris que le vélo à Limoges, avec ses TERRIBLES côtes, ne concernera jamais plus qu’une poignée de jeunes gens sportifs.
Second point : Là, il s’agit juste de mon ressenti quant à l’image que les décideurs se font du vélo. Durant la réunion de ce comité, j’ai été frappée par le peu de confiance que nous autres cyclistes inspirions à l’assistance. Je ne peux dire exactement qui étaient les gens présents : quelques élus et divers responsables. Cette assistance, composée d’une bonne trentaine de messieurs, dont beaucoup d’un certain âge (le white Old Male Power), et de trois femmes, ne représente pas du tout, à mon avis, les évolutions en cours.
Quand il a été question des comportements des différents usagers de la voirie, le consensus était quasi-général sur le fait que les cyclistes roulent n’importe comment et grillent systématiquement les feux, quel que soit leur âge. J’ai demandé s’il existait des chiffres prouvant qu’effectivement les cyclistes se mettaient systématiquement en danger … aucun chiffre, juste une impression générale à laquelle tous ces automobilistes croyaient mordicus, à commencer par le représentant de la police nationale. Ce dernier m’a particulièrement surprise. Quelques instants auparavant, il avait expliqué avec assurance à un vieux monsieur qui trouvait que les voitures roulaient trop vite rue Ernest Ruben qu’il s’agissait là d’une impression, d’un vécu de piéton ne correspondant pas à la réalité objective. Cela ne l’a pas empêché peu après de faire passer son vécu d’automobiliste pour une realité objective. Il s’est tourné vers moi et m’a affirmé que si les cyclistes n’avaient pas plus d’accidents en ville, c’était UNIQUEMENT grâce au sang froid des automobilistes. Stupéfiant.
Le fait que les cyclistes ne soient impliqués dans aucun accident mortel ou grave à Limoges ? Le sang-froid des automobilistes ! Le fait qu’à Paris, malgré l’augmentation constante des cyclistes, le nombre de morts à vélo reste stable (5 par an) ? Le sang froid des automobilistes !
J’ai pris conscience alors à quel point la cause du vélo à Limoges n’était pas acquise dans l’esprit des décideurs et responsables de tous poils. Le vélo reste à leurs yeux un transport d’olibrius qui casse les pieds à tout le monde, autrement dit aux automobilistes, qui dans leur grande bonté, se contraignent à ralentir et à s’écarter pour ne pas les écraser, ce dont nous sommes priés de leur être fort reconnaissants.
Le point de vue du cycliste, fétu de paille sans protection, est occulté par ces messieurs. Le cycliste coincé dans les pots d’échappement, toujours aux aguets pour éviter de se prendre une portière, subissant les trompettes des klaxons vrillant douloureusement ses oreilles … ce point de vue est ignoré par ces messieurs. Le cycliste est un géneur qui a le toupet, quand une automobile s’est donnée un mal de chien pour le doubler, de la redépasser au feu suivant. Le cycliste est un géneur, obligeant les automobilistes, horreur des horreurs, à RALENTIR.
Une seule solution pour que cette vision des choses évolue : être de plus en plus nombreux en ville et obtenir que, très vite, nos petites infractions au code de la route conçu pour les voitures, deviennent légales comme elles le sont déjà dans plusieurs villes.
Il est logique qu’à un feu rouge, le cycliste tourne à droite. Il évite ainsi de le faire au vert avec le flot des autos et se met ainsi moins en danger.
Il est urgent que le code de la route intègre le fait qu’un vélo n’est pas une voiture. Le code de la rue prévu pour 2010 dans toute la France ira dans ce sens et nos « amis » automobilistes comprendront alors que parfois, la seule façon de se protéger pour un vélo est bel et bien de commettre une infraction. Ces dernières seront enfin autorisées !
Je ne vous cache pas que ce qui m’a le plus inquiétée au sortir de cette réunion, c’est le représentant de la police nationale ! Je comprends mieux à présent ce qui est arrivé à mon fils, fouillé au corps sur le trottoir devant tout le monde par des policiers qui l’ont également contraint de vider son sac … parce que, à vélo, il venait de rouler sur un trottoir. Le jour où la police, à Limoges, fouillera au corps les automobilistes qui se garent n’importe où, grillent des feux ou doublent un vélo en le frôlant de très près, je saurai que le vélo est enfin reconnu et respecté comme il doit l’être c’est-à-dire comme un transport citoyen, respectueux de l’environnement et de la vie d’autrui tandis que l’auto est enfin considérée comme elle doit l’être : une machine polluante, principale cause des morts violentes en France et des mutilations handicapant chaque année des dizaines de milliers d’hommes, de femmes et … d’enfants.
Vous voyez bien que nous nous battons contre des moulins à vent, les vents de la politique, les vents du profit, les vents du consensus des nantis et privilégiés qui ne sont pas obligés d’être piétons , cyclistes et usagers des transports en commun combinés (piétons-cyclistes).
Toutes les infrastructures font en sorte de créer des obstacles à la circulation, donc ces obstacles sont en fait en 1er contre les cyclistes et les piétons. La loi prévoyant la sortie et l’entrée des agglomérations respectant et sécurisant les cyclistes n’est jamais appliquée, surtout à Limoges.
Les cyclistes qui « vélotafent » sont malheureusement aussi victimes du comportement anormal de certains d’entre eux qui ne respectent pas le code de la route.
J’aurais classé la ligne budgétaire vélo dans le sel/sucre. Et j’espère plutôt sucre si le budget va en faveur des transports doux (bus, vélo, roller, piéton).
Côté sel, j’ai bien peur qu’un nombre important de personnes négligent les transports doux, les cyclistes…
Et oui un cycliste gêne sur la route c’est vrai, il roule moins vite qu’une voiture (en montée seulement), il faut le doubler et là bien souvent le vrai problème, c’est qu’il y a des voitures qui gênent en face pour doubler, et le pire c’est qu’au feux il nous aura rattrapé et il faudra tout recommencer.
Le dialogue semble alors impossible…
J’espère jusque que l’avenir nous donnera raison et surtout que le cyclophobe guérira et acceptera quelques compromis.