La ville de Limoges vient d’annoncer sa volonté de limiter à 30 km/h la majorité de ses voies de circulation. Cette décision concerne l’ensemble du périmètre intra boulevards périphérique, à l’exclusion des axes principaux. Vous trouverez les détails de cette mesure sur le site de la Ville de Limoges.
L’association Véli-Vélo salue cette décision, en débat depuis plusieurs mois déjà. Bien que symbolique au stade actuel, elle constitue une avancée majeure qu’on peut qualifier à la fois de moderne, courageuse et raisonnable.
Moderne
Cette mesure va dans le sens de l’Histoire. De plus en plus de villes franchissent le pas, et ce sont le plus souvent des villes dynamiques qui ont également été novatrices sur d’autres thèmes (Montpellier, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Strasbourg, Grenoble…)
Cette évolution se constate également dans le reste du Monde.
Elle permet de rééquilibrer l’importance allouée aux différents moyens de déplacement, en s’adaptant mieux aux plus vertueux.
Elle redynamise les centre-ville en les rendant plus agréables et praticables.
Elle coche toutes les cases du progrès: préservation de l’environnement, amélioration du cadre de vie, gains de sécurité.
Courageuse
Il faut effectivement du courage pour remettre en question des décennies d’hégémonie de l’automobile et amorcer la décolonisation des villes par ce moyen de transport.
Il faut du courage pour recevoir les salves des grincheux qui utilisent des arguments fallacieux, cachant mal leur intérêt individuel.
Il faut du courage pour affronter les résistances au changement qui s’expriment souvent de façon irrationnelle.
Il faut du courage pour s’affranchir des retombées politiques à court terme et voir plus loin l’intérêt collectif qui demeurera.
Raisonnable
Si cette mesure constitue un nécessaire rééquilibrage en faveur des mobilités alternatives trop longtemps ignorées, pour autant, elle ne remet pas fondamentalement en question l’organisation de la cité.
Elle ne pénalise que très faiblement la circulation automobile dont la vitesse moyenne constatée ne dépasse pas 20 km/h en ville. Au final, les pointes à 50 km/h n’ont que très peu d’incidence dans une circulation saccadée. Ce qui pénalise la circulation automobile en ville, c’est le trop plein d’automobiles…
Ses effets économiques ne sont que positifs, puisque l’apaisement favorise l’activité commerçante.
En revanche, la réduction des accidents et de leur gravité est indéniable, et l’incitation au report vers les mobilités vertueuse est un progrès incontestable pour l’environnement.
Enfin, cette mesure est éminemment raisonnable puisqu’elle est simple à mettre en œuvre et peu coûteuse en aménagements.
Est-ce suffisant?
Non, évidemment, car le Limougeaud est un Français comme les autres, pas toujours enclin à respecter les règles sans l’aide du radar et du ralentisseur…
Alors oui, il faut un peu de pédagogie et d’aménagements. Des panneaux et des marquages au sol spécifiques sont nécessaires pour signaler clairement l’entrée dans une zone à 30km/h. Des « plateaux surélevés » aux carrefours ralentissent efficacement les récalcitrants, sans risque d’endommager certains véhicules, contrairement aux traditionnels « dos d’ânes ». Ils permettent également aux personnes à mobilité réduite de traverser la voie sans changement de niveau. Leur mise en place doit se généraliser progressivement.
Si la limitation à 30km/h est bien adaptée en zone urbaine à faible trafic, elle ne doit pas faire oublier la nécessité d’aménagements spécifiques pour les grands axes et les liaisons inter-urbaines. Les pistes et bandes cyclables deviennent alors incontournables si on veut réellement encourager la pratique du vélo au quotidien.
Et, au delà des aménagements, c’est tout un « système » qui doit être mis en place pour favoriser les mobilités alternatives :
- réseau de transport en commun performant et attractif
- offre de location, d’achat et d’entretien de vélos
- sensibilisation des usagers
- itinéraires clairs et continus
- stationnement sécurisé
- formation et apprentissage
- cadre accueillant
- etc.
Idées reçues
Lorsqu’on aborde la limitation à 30 km/h, on assiste généralement à un déchaînement de mauvaise foi pour la contrer. En voici un florilège et le rétablissement de quelques vérités:
La limitation à 30 fait perdre du temps. Ça serait vrai si les voitures pouvaient rouler à 50 km/h en permanence. Or, en ville, du fait des arrêts fréquents, la vitesse moyenne d’une voiture ne dépasse pas 20 km/h. Un vélo à assistance électrique, bridé par conception à 25 km/h, a des temps de trajet urbains plus courts qu’une voiture. L’impact de la limitation à 30 km/h est donc négligeable sur les temps de parcours.
Une voiture consomme plus à 30 km/h qu’à 50 km/h. C’est vrai sur circuit à vitesse constante pour la plupart des véhicules à moteur thermique traditionnels, car ils sont optimisés pour la route. C’est faux en circulation réelle en ville, puisque la surconsommation est due principalement aux ruptures de rythme. Or une circulation apaisée à 30 km/h occasionne moins de ruptures de rythme que des pointes ponctuelles à 50 km/h. Par ailleurs, le meilleur bénéfice pour l’environnement de la limitation à 30 km/h reste l’incitation à changer de mode de transport. La voiture, quelle qu’elle soit, demeure un moyen de transport mal adapté à la ville, du fait de son encombrement et de ses nuisances.
La limitation à 30, c’est la mort des centre-ville. C’est à supposer que tout le monde va faire ses courses en ville avec sa voiture, et que les achats sont proportionnels à la vitesse du véhicule… C’est en vérité tout le contraire qui se passe: les zones apaisées sont celles où le commerce se développe le mieux.
La ville à 30, c’est le meilleur moyen de ne pas être réélu. Ce n’est pourtant pas ce que montrent les résultats des élections… Les contestataires sont souvent moins nombreux mais plus bruyants que ceux qui acquiescent. De plus, ils n’habitent généralement pas la ville concernée, mais ne font que la traverser…
Alors, pour nous qui pensons que le vélo au quotidien est une solution bénéfique pour tout le monde, c’est un grand OUI pour notre ville à 30 km/h !
Rouler à 30km/h en ville c’est une honte !!!
Ceux qui disent ça ne se sont jamais enregistré parler, ni d’ailleurs enregistré leur parcours sur un gps ou une application smartphone pour aller quelque part dans Limoges
Faites l’essai, renvoyez nous vos parcours et vos moyennes. Aux heures de pointe si vous dépassez le 15km/h vous aurez sûrement pris quelques risques. Négligé la courtoisie au volant, en vous tankant au milieu d’un carrefour, sur un passage piéton, garé en double file ou sur le trottoir.
C’est vrai que klaxonner, quand on est en retard, ça soulage votre conscience de ne pas être parti un peu plus tôt.
En tout cas, en vélo les zones 30km/h laisse la possibilité aux voitures de nous doublez plus largement et avec un différentiel moins important qu’auparavant.
Une solution serait d’être capable de vivre ensemble, mais de chaque côté certains utilisateurs ne peuvent pas supporter l’autre, celui qui est devant lui.
Peut-être que la solution pour améliorer cette cohabitation impossible serait de faire des aménagements cyclables pour tous et partout, alors généralisons aussi les sens uniques en double sens cyclable.
Bien que je reconnaisse qu’on roule en moyenne en dessous des 30 Km/h en centre ville, ce que j’ai beaucoup de mal à avaler c’est le fait que la limitation est perpétuelle et sans prendre en compte l’heure, le trafic, la météo, etc…
Or, pour l’écrasante majorité de rues de Limoges (hors hyper-centre), il n’y a jamais eu le moindre accident (ou alors le conducteur était ivre), même à l’époque où la limitation était à 50, voire 60 Km/h… Pourquoi ? Simplement parce que l’écrasante majorité des conducteurs ne sont pas des abrutis et qu’il savent ralentir quand les conditions ne sont pas propices à rouler « vite ».
C’est comme à la campagne ou il y a de petites routes pleines de virages où l’on ne peut pas se croiser sans rouler sur le bas-côté : ce n’est pas parce qu’il y a un panneau 80 ou 90 (ou pas de panneau, ce qui revient au même) qu’on est bêtes au point de forcément rouler à 90 ! On ralentit à 60/70 dans les virages et on réaccélère quand la route est droite est dégagée.
En fait, ce qui m’ennuie, c’est que j’ai régulièrement roulé à 40 ou 45 Km/h dans des rues auparavant limitées à 50 Km/h et désormais à 30 Km/h. Sans changer mes habitudes, sans être un danger roulant, je suis désormais un hors-la-loi, et un policier zélé pourrait décider de planquer un radar dans une rue déserte et me flasher à 45 Km/h au lieu de 30, la loi lui permettrait de me ponctionner 90€ et 1 point alors qu’il n’y a aucun danger !